Coupures à Radio-Canada - Lettre des étudiants de l'UQAM
Publié le May 8, 2014
Lettre au gouvernement canadien et aux dirigeants de la société CBC Radio-Canada
Chers dirigeants,
Vous ne nous connaissez pas, mais la situation actuelle de Radio-Canada nous touche de près. Nous sommes les 27 étudiants du baccalauréat en télévision de l’UQAM, le seul du genre au Québec. Dans exactement un an, nous nous retrouverons sur le marché du travail à essayer de gagner notre vie dans un domaine qui nous passionne, celui de la télévision. Un domaine qui, oui, nous passionne, mais qui au fil des jours, nous effraie plus que jamais.
Nous sommes conscients des réductions budgétaires que subissent les services francophones et anglophones de Radio-Canada depuis les dernières années et tout comme vous, nous l’espérons, nous en sommes fortement attristés.
Mais voilà que nous assistons, à la sortie publique des têtes d’affiches de l’information de Radio-Canada, des gens que nous respectons, que nous admirons et qui sont fort inquiets de l’avenir de notre télévision publique. Nous le sommes aussi et plus que jamais. Car voyez-vous, nous sommes cette relève, ce souffle nouveau qui rêve de laisser sa marque dans la télévision d’ici à une ère où partout à travers le monde, la télé est en importante mutation. Nous sommes de la génération qui consomme la télévision autrement, qui a accès aux meilleurs produits télé venant des quatre coins du monde. Nous sommes des universitaires qui avons appris la télévision par le modèle de Radio-Canada, un modèle unique, auquel nous sommes très attachés. Mais nous sommes aussi de futurs travailleurs sans expérience.
Certains d’entre nous rêvent depuis longtemps de travailler pour cette télévision avec laquelle nous avons grandi. Nous y sommes presque; à un an du diplôme, à un an de travailler avec ceux et celles qui nous inspirent quotidiennement, à un an d’apprendre avec les meilleurs... qui se doivent de quitter peu à peu contre leur volonté.
Toutefois, il est difficile de se convaincre que nous travaillerons un jour pour cette société d’état qui nous est si chère en dressant un portrait réaliste de la situation actuelle; nous sommes cette génération qui sera sacrifiée par toutes ces coupures.
Difficile d’aller porter nos CV dans la grande tour de CBC/Radio-Canada alors que 300 personnes compétentes et expérimentées viennent d’y perdre leur emploi.
Difficile de vouloir y apporter un souffle nouveau alors que nous entendons à Tout le monde en parle que les «jeunes», les derniers arrivés à Radio-Canada sont ceux qui perdent leurs emplois les premiers, et qu’ils sont dans la quarantaine!
Difficile même, d’écouter et de regarder la télévision de Radio-Canada avec une admiration sans borne en sachant que les équipes n’ont plus les moyens de leurs compétences pour faire une télévision d’exception.
Car c’est d’abord ce que nous sommes, des téléspectateurs. Des téléspectateurs éduqués qui ont eu la chance d’analyser, de comprendre, de questionner la télévision canadienne dans un milieu d’apprentissage unique, encadrés par des enseignants plus que pertinents qui ont vu avant nous notre télévision évoluer.
Et comme téléspectateurs avertis, ainsi que comme futurs travailleurs de l’industrie de la télévision, nous avons, plus que jamais, peur de l’avenir de la télévision d’état. Notre télévision.
Les 27 étudiants de 3e année du Baccalauréat en télévision de l’UQAM; Mathieu Ouellet, Claudia Lalancette, Thomas Christopherson, Amélia Blondin, Rosemarie Cournoyer, Alex Dornier, Samuel Pineault, Mylène Robert-Boire, Laurence-Audrey Lachaine, Gabriel Lajournade, David Bourbonnais, Fanny Côté, Gabrielle Cadieux, Véronique Beaulieu, Xavier Havitov, Philippe Lacroix, Patricia Bouchard, Marie-Eve DuSablon, Gabriel Méthot, Philippe Bellavance, Ariane Filiatre, Catherine Trudeau, Kassandra Dunn, Maxime Bergeron-Moreau, Laura-Elisabeth Linteau, Olivier Landry et Cynthia Carazato et de leur enseignant Benoît Prégent, Animateur pédagogique et régisseur de plateau.
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