Jean-Sébastien Giroux - directeur photo en VL

Publié le 7 février 2024

QUELLE EST TA FONCTION ? COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON TRAVAIL ?

Je suis directeur de la photographie en vidéo légère (VL) et parfois j’occupe des fonctions en caméra VL. J’apprécie d’ailleurs le fait que mes responsabilités varient d’un projet à l’autre. Cela me pousse à ajouter des cordes à mon arc. 

Mon travail est essentiellement axé sur le documentaire. En somme, le directeur photo en VL travaille étroitement avec le réalisateur et est responsable de tout ce qui touche de près ou de loin à l’image. Notre mission est d’atteindre le résultat souhaité et de servir le plus fidèlement possible le projet de la réalisation. En VL, les équipes sont vraiment plus petites par rapport à celles qu’on retrouve sur les autres plateaux de tournage. En règle générale, elle est composée d'un réalisateur, d'un assistant-réalisateur, d'un directeur photo et d'un preneur de son. La taille réduite de l’équipe favorise notre mobilité et nous permet de nous déplacer fréquemment. Lors des déplacements, le directeur photo doit rapidement s’adapter à l'environnement, porter une attention particulière à l’éclairage, aux couleurs et au cadrage, et communiquer les besoins techniques avec son équipe. Dans mon domaine, on a rarement le contrôle sur nos sujets. Par exemple, il m'est impossible de demander à un chirurgien d’interrompre une opération, parce que la lumière n’est pas adéquate pour la prise. C’est au directeur photo de s’adapter et de trouver une solution avant et pendant le tournage. 

QUEL ASPECT DE TON TRAVAIL AIMES-TU LE PLUS ?

Mon travail est tout sauf routinier ! J’adore avoir de nouveaux défis techniques sur chaque projet. Je peux passer d’un tournage où je filme des éléphanteaux en pleine nature à un autre où j'assiste à une amputation dans une salle d'opération, tout cela en seulement quelques jours. Chaque journée est unique en son genre et est accompagnée de son lot d’obstacles. Je me compte très chanceux de pouvoir observer des moments rares que peu de personnes ont l'opportunité de voir au cours de leur vie. 

 

QUEL EST, SELON TOI, LE PLUS BEAU PROJET SUR LEQUEL TU AS TRAVAILLÉ ?

C’est difficile de répondre à cette question, mais il y a un projet qui se démarque un peu plus des autres. Je travaille sur la série animalière Un zoo pas comme les autres depuis plusieurs années maintenant aux côtés de la même équipe de six personnes. Dans le cadre de cette émission, on a la chance de pouvoir parcourir le monde. Mon équipe et moi avons visité des endroits incroyables, tels que la Thaïlande, le Kenya, l'Ouganda, la France, le Costa Rica, ainsi que des régions du Canada et des États-Unis. À force de voyager ensemble, on est devenu très proche au fil du temps. J’ai plusieurs souvenirs, qui resteront à tout jamais gravés dans ma mémoire, avec ces collègues; ils sont maintenant de véritables amis pour moi.

Jamais je n'oublierais le jour où je me suis retrouvé entouré de treize gorilles sauvages, dont deux bébés, en Ouganda. C’était vraiment surréaliste de pouvoir vivre ce moment avec eux.

AS-TU UNE ANECDOTE INSOLITE LIÉE À TON TRAVAIL À PARTAGER ?

Lorsqu’on travaille sur des documentaires, de nombreux imprévus peuvent survenir. Contrairement aux tournages de fictions, il n'est pas possible d'arrêter et de recommencer. On doit tenter de s’ajuster en amont à notre environnement et d’anticiper les besoins pour obtenir les meilleures prises de vue possible. J'ai vécu une situation plutôt comique lors du tournage de l'émission Un zoo pas comme les autres. Pendant que je filmais le protagoniste, qui tenait un animal dans ses bras, le soleil se couchait derrière lui. Je me suis donc déplacé rapidement pour capturer le coucher de soleil en contre-jour. Dans le feu de l’action, tout se passe vite et on oublie souvent le reste. Une fois la prise terminée, j'ai commencé à ressentir des picotements et une sensation de brûlure sur mes jambes. J’avais marché sur un nid de fourmis rouges. Cet incident m’est arrivé plus d'une fois. Heureusement, ce n’étaient pas des fourmis de feu !

«Je me compte très chanceux de pouvoir observer des moments rares que peu de personnes ont l'opportunité de voir au cours de leur vie. »
Jean-Sébastien Giroux

QUEL AVENIR IMAGINES-TU POUR LA PROFESSION ?

L’avenir de mon métier s’annonce prometteur ! Les avancées de la technologie, particulièrement pour la caméra et l’éclairage, nous permettent d’accomplir nos tâches de manière plus rapide et efficace. L’arrivée des lampes DEL a vraiment changé la donne dans mon domaine. Elles sont de plus en plus puissantes, performantes, compactes et écoénergétiques. Cela nous évite de trainer une panoplie de batteries, une génératrice et des équipements lourds lors des tournages. C'est vraiment pratique en VL étant donné qu'on est souvent une équipe restreinte. Bref, j’ai très hâte de voir la suite des choses.

La collaboration et la solidarité entre les directeurs photo facilitent également la transmission d’information. Le réseautage nous permet de rester à l’affût des nouveaux produits. Dans notre communauté, on s’entraide énormément. Si j’ai une question ou un souci quelconque, je sais que je peux compter sur l’un d’entre eux et vice-versa. 

 

SELON TOI, QUELLE EST LA FORCE DE L’INDUSTRIE AUDIOVISUELLE AU QUÉBEC ?

Le Québec a une super belle réputation grâce aux technicien-ne-s. On est reconnus pour la qualité de notre travail. Ici, les gens sont impliqués, créatifs et débrouillards et peuvent s’adapter aux budgets restreints qui leur sont imposés. L’ambiance positive et l’esprit d’équipe, qui règnent sur les plateaux, sont aussi des atouts majeurs de notre industrie.