Simon Bélanger - Preneur de son
Publié le 7 juin 2023
QUELLE EST TA FONCTION ? COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON TRAVAIL ?
Je suis preneur de son en télévision, plus précisément en variété. Nous sommes parfois aussi appelés des mixeurs. Dans mon cas, je remixe des émissions diffusées en direct. Autrement dit, je suis responsable de la prise de son, du mixage et de la diffusion. Pour être un bon preneur de son, il faut avoir une grande capacité d’adaptation, beaucoup de patience et de vigilance. Des connaissances musicales approfondies peuvent aussi s'avérer un atout précieux.
Notre travail ne peut être accompli seul. C’est pourquoi nous avons besoin d’une équipe composée de plusieurs techniciens spécialisés dans le son et d’un chef d’équipe pour chaque projet. Plusieurs décisions doivent être prises dès notre premier contact avec le réalisateur ou les producteurs pour établir une structure, monter une équipe et mettre le tout en place. Nos fonctions sont toutes reliées et chacun doit y mettre du sien pour obtenir un beau résultat et rendre justice à la vision sonore de la réalisation. Lors d’un tournage, le rôle du preneur de son au sein de l’équipe est de capter les sons et de recevoir tous les micros dans une console pour ensuite les traiter, les synchroniser et les compresser.
QUEL ASPECT DE TON TRAVAIL AIMES-TU LE PLUS ?
J’aime repousser mes limites ! Ce ne sont pas les défis qui manquent quand on tourne des émissions en direct. Chaque tournage est un cas particulier. Il n’y a pas de science exacte dans le son et tout se fait au cas par cas. Plusieurs problèmes, souvent techniques, peuvent survenir à tout moment. Par exemple, c’est déjà arrivé que les micros ne fonctionnent pas sur la scène. Je peux vous dire que la gravité de la situation n’est pas la même lorsque la diffusion est en direct; on sent tout de suite la montée d’adrénaline. Mais cette pression, c’est ça qui me plait dans mon métier.
QUEL EST, SELON TOI, LE PLUS BEAU PROJET SUR LEQUEL TU AS TRAVAILLÉ ?
Il n’y a pas un projet que je préfère plus qu’un autre. Ils sont tous beaux ! Cependant, Star Académie est celui qui m’a le plus marqué et c’est d’ailleurs le plus gros défi que j’ai relevé dans ma carrière. C’était le grand retour à l’écran de l’émission et il y avait beaucoup d’attentes alimentées par la nostalgie du public. La barre était haute pour les techniciens ! Les tournages pendant la pandémie étaient particulièrement étranges. Les mesures sanitaires nous empêchaient d’avoir des spectateurs, donc on avait des spectacles sans public et en direct. C’était du jamais vu…
AS-TU UNE ANECDOTE INSOLITE LIÉE À TON TRAVAIL À PARTAGER ?
Chaque tournage a ses anecdotes. Il y a toujours quelque chose qui se passe dans l’envers du décor. Une fois sur Star Académie, lors de son entrée sur scène, Patrick Bruel perd presque ses pantalons et échappe son micro sur le sol. Tout cela se déroule en direct… Mais heureusement, il retombe sur ses pattes et reprend comme si de rien n’était. En revanche, ce bref moment était suffisant pour nous déstabiliser. On était déjà prêt à lui fournir un autre micro. Comme je disais plus tôt, pour être un bon preneur de son, il faut faire preuve de vigilance et s’adapter aux besoins immédiats et spontanés. Tout ce qui compte, c'est que ces instants passent inaperçus.
QUEL AVENIR IMAGINES-TU POUR LA PROFESSION ?
À mon avis, l’avenir des métiers du son et notre dépendance technologique révèlent deux facettes. D’une part, les tournages en télévision se font de plus en plus dans des endroits qui ne sont pas adéquats à la prise de son, tels que des bars, des restaurants et des usines. Contrairement aux studios, ces espaces n’ont pas été conçus pour réaliser des enregistrements sonores et n’ont pas de traitement acoustique. Ce sont souvent des salles vitrées, en béton ou en métal et ces types de matériels affectent le son et produisent beaucoup de résonnance et de réverbération. Cela complexifie énormément nos tâches.
D’autre part, l’innovation technologique facilite la vie de l’équipe du son. Elle est en constante évolution et nous pousse à rester à l’affut des nouveaux logiciels et équipements. Évidemment, ces technologies simplifient notre travail si l’on sait comment les maitriser. Il y a beaucoup de partage d’information entre les membres de l’équipe sur le terrain; c’est vraiment la meilleure façon d’apprendre et de mettre à jour nos connaissances sur la réseautique. Je suis très reconnaissant envers mes collègues qui ont pris le temps de me guider et qui m’ont laissé prendre la balle au bond. Le chemin aurait été beaucoup plus ardu sans eux !
SELON TOI, QUELLE EST LA FORCE DE L’INDUSTRIE AUDIOVISUELLE AU QUÉBEC ?
La force de l’industrie d’ici réside dans le talent, la capacité d’adaptation et l’esprit d’équipe des techniciens. Ces atouts nous permettent de produire de bonnes émissions. On se le fait souvent dire par des producteurs étrangers. Le Québec est aussi réputé dans le domaine du son. La preuve, c’est qu’il y a plusieurs grands techniciens québécois en son partout dans le monde.