Krystelle Gagné Coutu - Cantinière

Publié le 4 mai 2023

QUELLE EST TA FONCTION ? COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON TRAVAIL ?

Je suis Krystelle Gagné Coutu, chef cantinière, depuis huit ans. J’ai commencé dans le milieu en 2007, au début de ma vingtaine. Sur un plateau de tournage, mon rôle est de nourrir les équipes, mais pas seulement ! Par exemple, quand on tourne dehors le matin à l'extérieur et qu'il fait froid, je propose une petite douceur chaude. Que ce soit un thé, un chocolat chaud, n'importe quoi que je vais apporter pour réchauffer les cœurs, ça fait partie de mon travail. Je ne fais pas juste servir à manger. Les techniciens, je les appelle mes petits bébés allaités parce qu'ils se gèrent la même façon, à toutes les deux ou trois heures !

QUEL ASPECT DE TON TRAVAIL AIMES-TU LE PLUS ?

L'aspect, qui me plaît le plus, c'est apporter du bonheur ! Mon travail ne se voit pas à l’écran, sauf peut-être une petite tache sur le costume à cause de mon carri. Il ne se remarque pas non plus au son, sauf peut-être une petite flatulence à cause de mes haricots. J’essaie de les faire rire, d’apporter des petits bonheurs avec mes collations quand les journées sont difficiles. Mon travail fait une différence pour les gens et je me le fais dire. C’est vraiment gratifiant !

Puis, j'aime rassembler le monde ! C'est très important pour moi de voir la coalition entre les départements. C’est la vision que j'amène toujours sur les plateaux. Et la nourriture, qu'est-ce que ça fait ? Ça rassemble !

«Ce qui me plaît le plus, c'est apporter du bonheur ! mon travail fait une différence pour les gens et je me le fais dire. C’est vraiment gratifiant ! »
Krystelle Gagné Coutu

QUELLES SONT LES QUALITÉS NÉCESSAIRES POUR EXERCER CE MÉTIER ?

La fatigue, le stress, il faut absolument apprendre à les gérer avant même de connaître le métier. C’est valable dans n’importe quel département, et c’est la clé pour réussir dans le cinéma. 

Être avant-gardiste aussi. Il faut essayer de voir des choses nouvelles, puis avoir de l'entregent. C'est difficile pour quelqu'un, qui n'est pas très sociable, d'être cantinier. 

Sans oublier, avoir une grande force de négociation. J'ai perdu beaucoup de gens qui étaient épuisés de toujours devoir négocier avec la production. C'est quelque chose qu'on vit qui est malheureusement un peu négatif. Il faut avoir les reins solides. On est souvent un département qui va se faire tasser. 

AS-TU UNE ANECDOTE INSOLITE LIÉE À TON TRAVAIL À PARTAGER ?

Ça pourrait être les endroits les plus inusités pour mettre une table craft. Directement sur un plancher de danse à côté du poteau de la danseuse ou encore en pleine campagne… Sinon les chutes en bas de la roulotte que je ne compte plus. Les milliards de coupures, de brûlures, d’explosions de propane ou encore une crevaison sur la route alors que toute l’équipe attend pour manger... Heureusement, je suis très débrouillarde ! 

QUEL AVENIR IMAGINES-TU POUR LA PROFESSION ?

Dans le passé, la cantine sur les plateaux c’était : des sandwich pas de croûte, de la soupe et de la bière. Heureusement, cela a changé ! La création de nourriture est en constant mouvement. On est, à notre façon, des artistes.

Les relations entre cantiniers ont beaucoup progressé. Quand j’ai commencé en 2007, entre cantiniers, on ne se parlait pas. C’était un peu malsain, car le monde se voyait juste comme de la compétition. Aujourd’hui, c’est différent, le département se tient. C’est ma plus belle réussite. Et ce que je souhaite avant tout, c’est protéger mon métier syndicalement. Avoir une convention et des barèmes, c’est très important.

Ce qui est beau aussi, c'est qu’en ce moment, ça évolue beaucoup côté écologique. Sur un tournage, on a un très grand impact. Je viens tout juste de finir une production qui était la plus verte de ma carrière. J'espère qu'ils vont avoir leur certification, on a travaillé fort pour. Évoluer vers un plus grand respect de l'environnement, c’est un des enjeux pour l’avenir.

SELON TOI, QUELLE EST LA FORCE DE L’INDUSTRIE AUDIOVISUELLE AU QUÉBEC ?

Peut-être la culture. L’audiovisuel nous aide énormément à faire valoir notre culture québécoise. On ne sauve pas des vies, mais pendant le COVID, ce n'est pas pour rien qu’on a continué à travailler ! L’industrie audiovisuelle est importante pour la société. C’est une lumière dont les gens ont besoin. Et nous on répond à ce besoin en fabriquant les images.