Gilbert Verreault - Accessoiriste de plateau

Publié le 5 juin 2024

QUELLE EST TA FONCTION ? COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON TRAVAIL ?

Je travaille comme accessoiriste de plateau donc mon rôle est de fournir les objets suggérés par le scénario pour le tournage des différentes scènes et de m’assurer qu’ils sont fonctionnels, en bon état, et en quantité suffisante. Au-delà de ça, mon travail consiste aussi à satisfaire les demandes de la réalisation et/ou des circonstances. Il y a toujours des demandes de dernière minute qui ne sont pas dans le scénario et c’est ce qui rend le travail intéressant et challengeant parce qu’il faut être capable de réparer, créer ou modifier des objets. C’est beaucoup d’imagination et de débrouillardise parce qu’il faut souvent faire vite avec ce que nous avons à disposition.

 

QUEL ASPECT DE TON TRAVAIL AIMES-TU LE PLUS ?

C’est le côté humain. On fait partie d’une équipe avec des métiers, des problématiques et des personnalités différentes mais on travaille avec un même but. Je trouve ça épatant que des gens si différents puissent créer une œuvre qui va provoquer une émotion chez les gens, que ce soit au cinéma ou chez eux. 
On dit qu’on est une grande famille et c’est vrai, avec tout ce que ça implique ! Ce n’est pas toujours facile ou parfait mais on est capable ensemble de faire de belles choses !
L’imprévu m’allume aussi beaucoup parce que je dois trouver des solutions et faire appel à ma créativité pour contenter au mieux les besoins de la réalisation. 
Et puis c’est un métier qui fait vivre de beaux moments, remplis de grâce qui me font me sentir chanceux de faire ce travail.

 

QUEL EST, SELON TOI, LE PLUS BEAU PROJET SUR LEQUEL TU AS TRAVAILLÉ ?

Impossible de répondre à cette question ! Parce que chaque projet est rempli de moments forts, drôles, ou difficiles parfois, mais qu’on en tire toujours quelque chose d’intéressant. 
Les gens avec qui on travail et l’environnement changent continuellement ce qui fait qu’on est toujours en train de s’adapter et qu’il y a toujours une nouvelle énergie qui se crée. C’est ce qui rend un projet beau et unique.  

AS-TU UNE ANECDOTE INSOLITE LIÉE À TON TRAVAIL À PARTAGER ?

On tournait une scène de repas de fête, on avait dressé une belle table avec un gâteau de fête au milieu de la table et des ballons un peu partout. On avait des assiettes cassables parce-que dans la scène l’acteur, dont s’était l’anniversaire, descendait de sa chambre, se disputait avec sa mère et cassait une assiette. Le réalisateur a expliqué ce qu’il voulait à ses acteurs et on a commencé à répéter la scène. 
L’acteur commence à jouer et prend l’assiette pour la tirer à terre mais au lieu de prendre l’assiette cassable vide il a pris celle avec le gâteau. Le réalisateur a coupé et tout le monde s’est retourné vers moi, on a tous trouvé ça drôle.
Par chance on avait deux autres gâteaux ! Le gâteau qui s’était écrasé à terre a été remodelé, pour être utilisé visuellement, par mon assistante qui a des mains magiques, ce qui nous permis de continuer à tourner la scène. 
Finalement, le réalisateur a trouvé ça bon que ce soit l’assiette du gâteau qui finisse à terre.

«Les accessoiristes de plateau sont un peu les yeux et les oreilles du département artistique au moment du tournage, et aussi les défenseurs du travail des équipes artistiques qui ne peuvent pas être sur le plateau en continu.»

QU'est-ce que vous apporte le rôle de formateur ?

Ce rôle de formateur me permet de rencontrer la relève qui est motivée, et c’est aussi très motivant pour moi ! Ça m’aide à trouver de nouvelles idées et à apprendre des choses parce que je partage avec des gens de générations qui différent de la mienne. 
Je dis tout le temps aux personnes que je rencontre en formation, que oui j’ai plus d’expérience par rapport à eux qui commencent, mais qu’encore aujourd’hui je fais des erreurs et j’apprends, et c’est aussi ça qui est intéressant qu’il y ait de la place à l’amélioration. C’est vraiment un échange qui est très nourrissant dans les deux sens. 

Ça fait 8 ou 9 ans que je donne la formation Initiation au métier d'assistant-e accessoiriste de plateau et je suis ravi de constater que de plus en plus de femmes suivent la formation et que de plus en plus sont cheffe accessoiriste. 
Je pense que c’est important cet équilibre hommes/femmes sur le plateau. Quand j’ai commencé, il n’y avait pas de femmes à des postes de chef et la dynamique était bien différente.

 

QUEL AVENIR IMAGINES-TU POUR LA PROFESSION ?

Je trouve ça difficile d’imaginer le futur, mais ce que je vois c’est que la technologie prend beaucoup de place et a changé notre façon de travailler en général et aussi pour notre métier. Alors on s’adapte, mais sur le plateau la base est toujours la même. On raconte des histoires, avec des émotions, avec des gens devant et derrière la caméra et tout ce monde ensemble s’organise pour créer quelque chose. 
Je ne crois pas que le métier d’accessoiriste est proche de disparaître, je ne crois pas que le fond vert ou le virtuel va prendre le pas sur une vraie table pour une scène de repas par exemple. Oui il y a aura de nouveaux outils, des choses pour améliorer mais l’approche restera la même parce qu’en finalité c’est un travail qui se fait d’humain à humain. 

SELON TOI, QUELLE EST LA FORCE DE L’INDUSTRIE AUDIOVISUELLE AU QUÉBEC ?

Je crois que ce côté familial qu’on a au Québec est un vrai atout, et permet d’installer une atmosphère de travail qu’on retrouve nulle part ailleurs. 
Le fait de devoir composer avec de petits budgets nécessite de se débrouiller avec les moyens du bord, et permet de développer la créativité à tous les niveaux. De ce fait, nos équipes sont capables de s’adapter à n’importe quelle situation assez rapidement. 
Puis quand on remet en perspective la taille du Québec, celle de notre industrie au Québec et l’influence qu’on a plus largement dans le monde, on constate que notre travail est apprécié. Pour ça, je tire mon chapeau à tout le monde.