Alexandra Elkin - Machiniste grip

QUELLE EST TA FONCTION ? COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON TRAVAIL ?

Je suis machiniste, j’ai principalement été bestgirl ces dernières années, et je viens de faire ma première année en tant que chef. Mon métier c’est avant tout un travail d’équipe, on travaille étroitement avec le directeur photo mais aussi avec le département caméra et le département éclairage. 

Je dirais qu’il y a trois lignes directrices dans mon travail; tout ce qui a trait à la caméra, sa position, comment on l’accroche, quel mouvement on va lui faire faire. Il y a l’aspect éclairage; comment on va sculpter la lumière, comment on va accrocher les lumières. Et l’aspect plus mécanique rigging qui est plus un travail d'assemblage, un genre de legos pour adultes. Si tu préfères un aspect plus qu’un autre, surtout dans les grandes équipes, tu peux plus te spécialiser en lumière, à la caméra ou construire des choses si tu aimes utiliser tes mains. 
Mais dans tous les cas, il y a toujours de la résolution de problèmes, on peut arriver une journée et te demander une plateforme par-dessus une piscine creusée ou d’accrocher une caméra sur un hélicoptère de façon sécuritaire. 

C’est un métier stimulant et rempli de défis, dans lequel tu peux vraiment prendre de l’expansion si tu as de la motivation et de l’ambition. En plus du côté manuel, il est nécessaire d’avoir certaines notions par rapport aux points d’ancrage, aux pressions, aux poids, aux points de balancement. Il faut comprendre la lumière, comment elle fonctionne… Tu en apprends constamment !

QUEL ASPECT DE TON TRAVAIL AIMES-TU LE PLUS ?

J’aime vraiment le côté social, travailler en équipe. J’adore la résolution de problèmes, et j’aime beaucoup préparer des rigs de toutes sortes, ça me fait travailler l’esprit !

Mais par-dessus tout j’aime la diversité et ce changement constant qu’il y a dans mon travail, on ne peut jamais s’ennuyer.

QUEL EST, SELON TOI, LE PLUS BEAU PROJET SUR LEQUEL TU AS TRAVAILLÉ ?

Je dirais La nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé de Xavier Dolan parce que c’était un tournage sur lequel il y a avait du budget et donc beaucoup moins de frustrations que sur d’autres productions. Mais au-delà de ça, il y avait une équipe d’enfer, un réalisateur qui sait ce qu’il veut, qui veut faire quelque chose de beau et de bon. Et c’est rare que ce soit beau, bon, et que tu aies la motivation pour donner plus.

Sur ce tournage il y avait vraiment un esprit « comme à la maison », c’était pas trop gros à ne pas connaitre les noms de tout le monde, mais c’était assez gros pour qu’on puisse faire quelque chose de hot.

AS-TU UNE ANECDOTE INSOLITE LIÉE À TON TRAVAIL À PARTAGER ?

Une fois sur une pub pour Macy’s, on était en studio chez Mels et pour le dernier plan il y avait un lâché de 200 ou 300 ballons à l’hélium. Le lendemain il fallait faire redescendre les ballons, normalement c’est le département artistique qui aurait dû faire ça, sauf qu’il y avait des grilles d’éclairage et les mouvements de nacelle étaient plutôt complexes. Alors ils ont demandé l’aide des machinos pour crever les ballons. J’ai passé 4h dans une nacelle à crever des ballons et c’était très drôle.

QUEL AVENIR IMAGINES-TU POUR LA PROFESSION ?

En tant que machiniste, je crois que notre métier sera toujours ce qu’il est parce que, contrairement à d’autres départements comme la lumière ou la caméra par exemple, l’équipement qu’on utilise ne change pas beaucoup. Oui on peut le rendre plus facile à gérer ou l’utiliser de façon plus efficace, mais il n’est pas en constante évolution. 

Au niveau de l’industrie, au Québec on tire beaucoup l’élastique. On en fait plus avec de moins en moins. Par exemple, le métier de dolly grip est pratiquement en train de disparaître parce que le manque de budget va faire qu’on va trouver des alternatives moins coûteuses et se satisfaire de moins. 

Quand j’ai commencé, si tu avais deux caméras sur un plateau, tu avais automatiquement quatre machinistes et si tu avais un dolly il fallait être 5. Je viens de faire une télésérie où on était 2 pour un dolly et deux caméras. 

SELON TOI, QUELLE EST LA FORCE DE L’INDUSTRIE AUDIOVISUELLE AU QUÉBEC ?

Sans aucun doute les technicien-ne-s, quel que soit leur département. On a des gens excessivement talentueux, qui sont capables de faire beaucoup avec très peu, qui sont flexibles, et savent travailler sur toutes types de productions. On est capable de s’adapter rapidement et on fait du bon contenu !

On sait être sérieux dans notre travail mais avoir du plaisir en le faisant et c’est ce qui est agréable.

J’aime l’énergie des plateaux, on est plein de gens très différents et ensemble on devient solides. Je trouve que c’est une magie qu’on retrouve nulle part ailleurs.