Caroline Aquin - Maquilleuse d'effets spéciaux
Publié le 5 juillet 2023
QUELLE EST TA FONCTION ? COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON TRAVAIL ?
Je m'appelle Caroline Aquin, je travaille en maquillage d'effets spéciaux depuis 1997. En atelier, je suis principalement sculptrice – mouleuse, et sur les plateaux, je fais de la pose de prothèses et de maquillage. Mon rôle, c’est souvent de transformer les acteurs. Ça peut être des vieillissements, des monstres, ou encore tuer des gens !
QUEL ASPECT DE TON TRAVAIL AIMES-TU LE PLUS ?
La sculpture, j'adore ça ! La création, que ce soit en atelier ou sur les plateaux. C'est super de créer des personnages. Les transformations aussi ! Par exemple sur X-Men, j’ai eu l’occasion de faire des transformations assez cool dans un style surréaliste. On a aussi fait un super travail de vieillissement sur Paul à Québec.
QUELLES SONT LES QUALITÉS NÉCESSAIRES POUR EXERCER CE MÉTIER ?
Il faut être un bon artiste, je crois. Autant dans la sculpture que dans la peinture ou dans le maquillage, savoir reconnaître les couleurs est une qualité essentielle. Après, il faut avoir le souci du détail. Même quand un maquillage nous prend 4 h, ce n’est jamais vraiment fini, on peut toujours ajouter des détails et peaufiner le tout.
AS-TU UNE ANECDOTE INSOLITE LIÉE À TON TRAVAIL À PARTAGER ?
Parfois, c'est drôle de sortir avec nos personnages dans la rue à l'heure du dîner. Ça nous est arrivé l’année dernière, sur un film de zombies. Le personnage faisait plus de 8 pieds de haut, un véritable colosse ! On était en plein quartier Hochelaga, et on est sorti avec lui dans la rue. Fallait voir le nombre de voitures qui s’arrêtaient ! On devait aussi empêcher les gens de prendre des photos. C’était vraiment comique !
QUEL AVENIR IMAGINES-TU POUR LA PROFESSION ?
Ça fait longtemps que les effets spéciaux créés par ordinateur nous préoccupent. Au tout début, je dois dire qu’on avait peur de se faire remplacer par des maquillages de synthèse. Mais finalement non. Beaucoup d’acteurs et de réalisateurs veulent voir l’effet du maquillage immédiatement, ce qui n’est pas possible avec les effets réalisés en postprodroduction. Si on parle de vieillissement par exemple, avec le maquillage et les prothèses, cela aide les acteurs dans leur performance de se voir vieux pour de « vrai ».
On parle également beaucoup de l’intelligence artificielle, c’est vraiment le sujet de l’année ! On peut le voir avec la grève des scénaristes aux États-Unis. Ça nous fait forcément un peu peur, mais on utilise déjà parfois cette intelligence-là dans notre travail. Je fais de la sculpture 3D, par exemple.
SELON TOI, QUELLE EST LA FORCE DE L’INDUSTRIE AUDIOVISUELLE AU QUÉBEC ?
J'ai fait beaucoup de projets très intéressants au Québec. Je pense que notre force ici c’est surtout le cinéma. On a des films d’auteurs uniques qui voyagent à travers le monde, une belle écriture, et on est capable de faire de grandes choses sans toujours avoir de gros moyens. C’est quand même exceptionnel !
J'ai eu la chance de travailler sur Crazy avec Jean-Marc Vallée qui n’est malheureusement plus des nôtres. J'ai aussi fait Café de Flore avec lui. Des films magnifiques, intelligents, plein de poésie. Je suis contente qu’on ait ça au Québec !