Geneviève Vincent - Chef accessoiriste
Publié le 11 janvier 2023
QUELLE EST TA FONCTION ? COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON TRAVAIL ?
En tant que chef accessoiriste, je supervise la fabrication, l’achat et la préparation des accessoires. Je fais également le lien entre les demandes du réalisateur, celles de la production et des fournisseurs, afin que le tout soit livré à temps pour le tournage. C’est donc important pour moi de m’entourer de personnes passionnées, bricoleuses, et d’avoir à mes côtés une équipe qui fait preuve de rigueur, pour donner vie à l’atmosphère désirée par le réalisateur.
J’œuvre surtout en variétés, c’est-à-dire des numéros de spectacle, de la télé-réalité et des scènes de télévision. Chaque projet est complètement différent et m’amène dans un espace créatif me permettant de développer mon plein potentiel. Je dois souvent réaliser, concevoir et fabriquer de toutes pièces des éléments qui serviront à créer une ambiance unique et un effet wow, et ce, dans des délais très serrés.
QUEL ASPECT DE TON TRAVAIL AIMES-TU LE PLUS ?
J’adore créer des éléments grandioses, et plus particulièrement, le brainstorming derrière chaque projet pour ensuite passer en mode fabrication. Il faut être en symbiose avec le metteur en scène ou le réalisateur afin de pouvoir transposer leur vision dans la réalité. Ce n’est pas toujours évident. Leurs idées sont parfois très audacieuses et complexes à réaliser, mais j’aime relever de nouveaux défis, pousser les limites et surprendre les gens.
QUEL EST, SELON TOI, LE PLUS BEAU PROJET SUR LEQUEL TU AS TRAVAILLÉ ?
Selon moi, Chanteurs masqués est le Graal des accessoiristes. Le gros budget alloué aux accessoires et aux décors de l’émission nous donne l’opportunité d’exprimer notre créativité, de créer des univers ludiques et de concevoir des éléments qui dépassent l’imagination. Les mises en scène sont magnifiques, les décors sont gigantesques et chaque personnage possède son propre style.
Je suis également fière de l’arbre montable et démontable que mon équipe et moi avons construit autour d’une structure faite de nouilles de piscine pour l’émission Révolution. Les danseurs pouvaient même grimper et se suspendre aux branches. On avait dix jours pour concevoir et créer quelque chose de beau, sécuritaire et pratique. Bref, notre travail de longue haleine a porté ses fruits. Il n'y a rien de plus satisfaisant que de voir mon croquis passer du monde imaginaire au monde réel.
AS-TU UNE ANECDOTE INSOLITE LIÉE À TON TRAVAIL À PARTAGER ?
Tout ce qu’on fait est une anecdote en soi ! Si vous saviez le nombre de fois qu’on m’a demandé de créer des choses étranges et de mettre en œuvre des contextes farfelus… Par exemple, à mes débuts, j’avais besoin de faux viscères, organes, mains et pieds pour l’émission Sketch Show. Je suis donc allée voir le responsable des effets spéciaux, puis il m’a remis le tout dans un sac transparent. Alors que je me dirigeais vers mon studio à TVA, un sac rempli de faux morceaux d’humains et un bidon de faux sang à la main, j’ai croisé quatre policiers à vélo qui m’ont jeté des regards suspects. C’était une marche bien malaisante !
QUEL AVENIR IMAGINES-TU POUR LA PROFESSION ?
Le département Accessoires a énormément de potentiel ! Il est vaste et regroupe plusieurs talents et spécialités. Ceux qui travaillent en télévision portent plusieurs chapeaux et doivent être munis de toutes les armes pour répondre aux nombreux besoins d’un plateau de tournage.
Malgré notre large éventail de responsabilités, il n’existe aucun prix désigné aux accessoiristes et aux décorateurs en télévision. Impossible pour les gens dans mon domaine d’être sélectionnés pour un prix Gémeaux. Je trouve ça vraiment dommage. On n’est donc pas remercié ni félicité, comme c’est le cas pour les autres départements, lors de ces événements. J’espère de tout cœur que nous serons un jour reconnus à notre juste valeur et que notre département demeura essentiel. L’apport des accessoiristes et des décorateurs est indispensable et notre travail permet aux spectateurs de plonger dans des univers imaginaires. Sans nous, les mises en scène seraient bien vides.
SELON TOI, QUELLE EST LA FORCE DE L’INDUSTRIE AUDIOVISUELLE AU QUÉBEC ?
Tout le monde le dit et le sait : les techniciens québécois font beaucoup avec peu. Pendant le tournage de Chanteurs masqués, une chorégraphe de New York m’a avoué que même si nous avions trois fois moins de budget et de temps que l’émission américaine, le produit final de l’adaptation québécoise était mieux accompli. Notre créativité et notre ingéniosité sont incontestablement nos plus grandes forces !